Aujourd’hui je dédie l’énergie qui anime mon travail en feng shui à mon père, décédé jeudi dernier 15 septembre, à St Denis de la Réunion. Il était né là bas, il y a 73 ans, puis avait vécu sa vie d’adulte en métropole, eu deux enfants, et était reparti depuis 15 ans.
Aujourd’hui j’ai envie de partager cet au revoir avec vous. Notre vie est toujours ponctuée de moments magiques et de grandes douleurs. J’ai eu un chemin qui m’a amené de grandes peines, de celles qu’on n’imagine pas vivre un jour, et pourtant ce sont aussi ces moments là qui ouvrent ensuite notre cœur aux joies du quotidien, à tous ces moments simples et beaux qui font que la vie reprend toujours le dessus en nous.
Papa, je n’ai pas eu l’occasion de prononcer souvent ton nom ces dernières années. Tu as choisi de partir vite, en ne voulant pas soigner la maladie qui t’avait assailli après des années d’une passion partagée avec le tabac. Nous aurons passé 43 ans ensemble, de près et souvent de loin, car tu avais choisi également de ne pas voir ni vouloir soigner ton mal psychologique. Celui qui a fait de notre relation une histoire souvent trop violente pour l’enfant qui vit encore en moi. Et pourtant qui n’aura pas réussi à avoir raison du lien d’amour qui m’unit à toi.
Tu avais choisi l’enseignement et l’écriture de la philosophie, prenant tes distances avec ta vie en partant retrouver tes origines dans ce magnifique pays, la Réunion, où tu t’es éteint jeudi dernier. Je vais venir te dire un dernier au revoir, et te rendre à ce pays dont je suis tombée amoureuse moi aussi au fil de mes séjours.
Continuer la route ensemble, autrement
Tu entendras peut être ces derniers mots de gratitude. Lors d’un séjour à nos côtés en Auvergne il y a quelques années, j’avais eu la force de t’interroger pour comprendre cette violence envers nous, ce détachement. Tenter d’apaiser mes souffrances. « J’ai fait ce que j’ai pu » m’avais tu répondu, laissant passer dans ton regard quelques regrets et beaucoup de résignation. J’avais alors pu t’écrire ensuite que je t’aimais. Je suis heureuse d’avoir eu la chance de m’ouvrir à toi et que tu m’aies dit ces mots. Lors de notre dernier échange téléphonique, à l’occasion de la fête des pères, tu te réjouissais de m’entendre, de répondre à mes questions sur ta santé, en me disant que tout allait bien puisque tu étais allé chez le coiffeur… Et tu t’étais emporté sans raison, sur un rien, comme toujours.
Au revoir vieux fou. Tu vas me manquer.